L’handicapante arborescence

Obsession

Comment on peut passer du vide absolu à l’obsession ?

Comme tous les jours tu survies.
Tu te lèves et exécutes tes gestes machinalement. Tu sors de chez toi, ta journée passe, une journée ordinaire, ennuyeuse, une routine. Et puis par hasard juste avant de rentrer chez toi le soir, tu tombes sur un groupe ou tu reconnais 2 amis, le groupe étant de 7.

Bref comme ta journée finie comme elle a commencé tu te dis, tiens, je vais me faire une petite place dans ce groupe et papoter avec eux.

En face de toi, tu sens un regard, un regard insistant, maladroit, impatient.... Tu lèves les yeux et tu la vois, la, devant toi… TON OBSESSION.
Elle est arrivée comme ça, par une journée bien pourrie. Elle t’est tombée dessus, mais ça tu ne le sais pas encore.

Au départ elle prend la forme d’une chaleur qui part des orteils et remonte à la pointe de tes oreilles. Tu te sens rougir, tu souries bêtement. Une sensation de légèreté, une boule au ventre.

OBSESSION se fait passer pour un coup de foudre, je l’associe à part entière à ce beau jeune homme.

Tes yeux, ton petit nez tout mimi. Tes joues de jeunes adultes encore un peu rebondies. Cette bouche qui s’entrouvre, je peux y apercevoir tes 2 dents blanches justes derrières tes lèvres.

Je suis persuadée que mon OBSESSION ressent la même chose que moi au même moment. Je crois même le voir rougir.

Au fil des jours, je vais m’engouffrer dans les moindres recoins de son âme.

Je veux tout savoir de toi, qui es tu, comment t’appel tu ?
Est ce que tu as peur ?
Est ce que tu as mal ?
As tu déjà aimer ? As tu déjà dis je t’aime ?
Puis je te toucher, te caresser, t’embrasser ?

Le front ? La joue ? La bouche ? oui ? tout doucement, promis.

Mes baisers nous brûlerons la bouche.... nous auront souvent les lèvres abîmées par la passion appuyée par OBSESSION.

Puis je embrasser, ton ventre ? ton nombril ? tes cuisses ? ton sexe ? Montre toi, je veux te voir… nu…

Les jeux des premières fois mélangés à des émotions trop grandes pour des enfants de 15 ans.

Un déménagement, un abandon. Des vacances d’été terminées. La vie reprend son cour.

Mais OBSESSION est la, elle s’est installée et ne compte pas nous laisser tranquillement évoluer dans nos vies respectives.

Je rêve de toi, je pleure en m’endormant.
Il m’arrive de sentir ta présence près de moi. Je t’appelle et tu seras toujours là je suis persuadée que tu fais parti de moi. A 2 on est un tout.

Tu en as rencontré une autre, j’ai tellement mal que je pense que même la mort ne sera pas assez douce pour moi. Je commence à ouvrir les yeux sur Mme OBSESSION.
Elle me manipule depuis le début mais comment me débarrasser d’elle ? Comment se battre contre du vide ?

Quand tu m’appelles, il se passe des choses dans mon corps, un scientifique pourrait expliquer tout cela si simplement mais à 15 ans à 16 ans à 17 ans on pense devenir fou, on n’y comprend rien.

Ces sueurs inexplicables, le rythme cardiaque qui accélère, accélère, encore et encore au point de se sentir tomber.

Tu m’appartiens… non tu es OBSESSION, non si tu appel c’est qu’il n’y a que toi et toi.... Toutes ces questions, toutes ces nuits à pleurer.

Combien de fois dans une crise de folie seule dans mon lit, me sentant tomber dans un précipice, je t’ai appelé pour soit disant discuter une dernière fois.

Tu n’as jamais refusé, il nous est arrivé de nous rejoindre..... tard… dans ma voiture, chez moi, chez des amies....

Toujours le même schéma, une discussion banale, une drogue, jusqu’à ce que l’un des deux craque et que 4 ans après cette fameuse journée pourrie ou tu es entrée dans ma vie. Toi ou moi, impatient, coléreux, fiévreux, demande : EST CE QUE TU M’AIMES ?

Voilà comment nous l’invitons à reprendre sa place entre nous, elle arrive à ce moment précis. OBSESSION.

Nous savons qu’elle est la parce que toi comme moi nous sentons cette chaleur qui nous prend. Nous voyons nos pupilles se dilater, nos mains deviennent moites, je peux voir perler quelques gouttes sur ton front, tu te mord les lèvres… est ce de la douleur que je vois dans tes yeux ? Que tu vois dans les miens ?

Je sais qu’à partir de maintenant : ni toi, ni moi, ne sera à l’écoute… tu vas parler, parler, surement pleurer, tu vas me demander pourquoi ? pourquoi toi ? pourquoi moi ? je vais en faire autant....
Un discours sans queue ni tête, une gifle, un baiser puis un autre, une griffure au cou suivie d’une langue engouffrée dans une bouche si douce si chaude.

Un mélange de haine amoureuse, et d’un amour haineux, j’ai tellement envie que tu me prennes la tout de suite, mais c’est impossible car tu n’as pas répondu à ma question, ni moi à la tienne, je veux m’approcher de toi, et comme toujours soit tu me repousses soit tu me laisses m’engouffrer, dans ton cou, ta bouche, dans toutes les parties chaudes de ton corps dans tous les recoins de ton âme.

On finira complètement vidés comme après une séance de sport intensif, et on s’endormira dans les bras l’un de l’autre sans n’avoir jamais fait l’amour. Pas même une fois.

Cette rencontre pourrie c’était il y a 25 ans…

C’était il y a si longtemps.... je me suis souvenue de Mme OBSESSION avec un petit sourire en coin il y a quelques semaines. Je suis devenue une femme, avec tout plein de responsabilités.
OBSESSION me faisait timidement sourire et rougir en y repensant…

Sur ces 15 dernières années j’ai désarmé OBSESSION. Je l’ai étudié et j’ai compris mes failles, j’en suis venue à bout il y a quelques années maintenant et j’en suis très fière.

Je t’ai fait un coucou, il y a environ 1 mois, car je me sais à l’abri d’elle maintenant, je suis forte.

Voici les mots que tu as laissé sur ma messagerie vocale :
La dernière fois que j’ai pensé à toi, je suis resté tétanisé pendant plusieurs minutes.
Tu as fini par :
Je crois que nous avons raté quelque chose....

A ce moment précis, j’ai ressentie cette chaleur....

Cette partie de ma vie je ne la comprendrais jamais.... lui non plus d’ailleurs… (c’est rassurant de ne pas être seule dans cette douce folie)